Toujours à la recherche d'apprenti cuisinier...
Samedi je vois mon téléphone un peu tard, Tatie m’a déjà laissé 2 messages…
Je ne prends pas le temps de les écouter et la rappelle aussitôt. Rien de bien grave, Marc a oublié les clés du garage: « saute dans ta voiture et viens nous ouvrir »!
Hummm heureusement que je suis prête. En arrivant, Marc me conseille de ne pas écouter les messages… « du grand Tatie ».
Et elle sait accueillir… à Marie qui s’excusait de ne pas pouvoir être là à la fin du mois car… Tatie l’a coupe « on s’en fou »! Je ris et rassure Marie « c’est bon signe, c’est que tu es acceptée »! Merci Marie pour ta venue dans l’asso et les sacs que tu distribues maintenant régulièrement aux familles.
Merci ma Tatoch pour ta « bonne » humeur tous les samedis.
Merci aussi à Sophie d’être passée au petit casino de Poisy chercher les dons et à Aurélie qui est allée chercher ceux de la boulangerie Comme à la maison.
Estelle et sa fille Malou avaient préparé les sandwichs. Cela arrive régulièrement que les enfants des bénévoles aident aux préparatifs. C’est bien de pouvoir les sensibiliser eux aussi et leur donner l’envie d’aider. Merci à elles deux.
Un grand merci au secours populaire, à Clément et Marc, grâce à eux les familles ont pu avoir des fruits, légumes et bien d’autres produits frais.
Merci aux 6 bénévoles partis en maraude sous la pluie… Tatie, Marc, Camille, Stéphanie, Nicolas et Oualida.
Et enfin le dernier merci revient à Camille qui a accepté de nous faire son compte rendu :
« La pluie crachotte depuis que nous avons quitté le local et les bâches qui recouvrent les maraudeurs sont trempées. Nous sommes quand même de bonne humeur et motivés. Les bénéficiaires sont contents de nous voir. Le café et les discussions réchauffent les corps et les coeurs.
Comme toujours Marc et Tatie sont très actifs et très sollicités. C’est fascinant de voir à quel point ils ont l’air proches des personnes de la rue. On sent que les bénéficiaires les apprécient, les estiment et les respectent ; ce qui fait le liant c’est qu’on sent la réciproque chez Marc et Tatie, ils les respectent et les estiment. Ils sont sur un pied d’égalité tout en étant dans leur contexte d’association. Je respecte ça et je le comprends. Je trouve qu’il faut du courage pour vivre dans la rue et ça génère chez moi une sorte d’admiration pour ceux qui le vivent, ou plutôt qui y survivent.
J’aime observer ce balais entre Marc et Tatie et les bénéficiaires, ils se jettent dans leurs bras pour ainsi dire, demandent des nouvelles, négocient des commandes de vêtements et de sacs de dons alimentaires, font la causette, parlent beaucoup des connaissances, de ceux qu’on n’a pas vu aujourd’hui, de ceux qu’on n’a pas vu depuis longtemps, de ceux qu’on ne voit plus du tout, de ceux qui sont loin, de ceux qui sont malades ou de ceux qui sont à l’ombre.
Le café et les maraudeurs se vident doucement aujourd’hui. Nous ne verrons qu’une quarantaine de personnes tout au plus. Nous distribuons plus généreusement les sandwichs ou les oeufs pour éviter d’avoir des restes.
Quelques tensions éclatent parfois à cause de la frustration et de la fatigue, les bénéficiaires se jalousent et discutent l’équité des distributions, moment dur pour les bénévoles qui, bien souvent, ne savent pas comment réagir à ces situations. Marc gère et rassure. Il fait la grosse voix mais reste doux et poli. Il sait comment c’est, alors il explique que ce n’est rien, que ça arrive, et les tensions se calment effectivement aussi vite qu’elles étaient apparues.
Nous traînons les maraudeurs dans les rues mouillées, faisant et défaisant les tendeurs pour servir les boissons et les denrées. Le bout des chaussures est trempé. On croise un jeune qui grelotte et Tatie lui sort un pull d’un maraudeur qu’il enfile tout de go. Tatie se désole pour lui et lui trouve un pantalon pour remplacer le jogging fin et trempé qu’il porte sur lui.
Aujourd’hui j’ai rencontré Roméo, je me souviens de son nom car il m’a dit que le mien « Camille » était beau, et je lui ai renvoyé le compliment. Je me dis que je le recroiserai sûrement et que je pourrais l’appeler par son prénom, ça fait toujours plaisir quand tu es à la rue et que quelqu’un t’appelle par ton prénom, ça redonne un peu d’individualité dans ce monde qui à tendance à invisibiliser les personnes sans abris.
J’espère que ce compte rendu aura été informel et intéressant et je souhaite à tous une bonne semaine. ».