Quelques chiffres...
Bonsoir les colibris,
En réfléchissant à la rédaction du compte rendu pour la publication du dimanche soir, je m’interroge sur ce que je peux vous proposer ou non. Certains d’entre vous nous ont fait part de leur appréciation en nous suivant, alors on continue. Cependant, je dois avouer que ce n’est pas toujours facile, surtout lorsque, comme ce soir, je n’ai pas de texte rédigé par un bénévole parti en maraude. Exercice périlleux puisqu’étant à Paris, je n’ai pas participé à la maraude!
Je vous communique régulièrement des informations générales sur l’association, et un peu moins souvent des informations liées aux décisions politiques.
Je pense qu’il est important de vous informer de tout ce qui peut influencer, directement ou indirectement, nos actions. De vous informer sur l’incidence que peuvent avoir des décisions politiques.
Alors cette semaine, je prends le petit risque de vous parler d’un homme. Vendredi après- midi j’ai eu la chance de participer à une conférence avec Mr Boris Cyrulnik et Mr Xavier Emmanuelli.
Je vais vous parler de ce 2ème grand Monsieur.
Saviez-vous que Mr Emmanuelli est le fondateur du Samu Social de la ville de Paris et du Samu Social International. C’est aussi le Co-fondateur de Médecins sans Frontières, et il fut secrétaire d’état chargé de l’action humanitaire d’urgence.
C’est avant tout un homme de terrain, qui est allé travailler dans plusieurs pays en guerre comme médecin.
Autant vous dire qu’il en connaît un rayon sur la précarité.
Créé en 1993, le Samu social a fêté le 21 novembre ses 30 ans. Depuis, le public des sans-abris n’a cessé d’augmenter et de se diversifier.
Jusqu’en 1992, les infractions de vagabondage et de mendicité étaient encore dans le code pénal. La mission de la police consistait à ramener les sans-domicile errants dans les rues de Paris au dépôt de Nanterre.
C’est à ce moment-là que M. Emmanuelli a envisagé une nouvelle approche, s’inspirant du fonctionnement du Samu. Le 22 novembre 1993 les premières « équipes mobiles d’aide » du Samu Social de Paris, étaient chargées d' »aller à la rencontre » des sans-abris.
« Aller vers » deux petits mots qui font encore débat aujourd’hui.
Certains reprochent aux sans-abris de ne pas se déplacer pour aller chercher de l’aide. Souvent des personnes qui ne sont pas sur le terrain.
Les paroles de M. Emmanuelli reflètent les pensées partagées par bon nombre d’entre nous :
On apporte « trop souvent des réponses sectorielles qui ne correspondent pas aux besoins. Plus les gens dégringolent, plus on leur demande d’énergie pour passer d’un service à l’autre, de l’hôpital à la pharmacie, de l’assurance à l’assistant social. N’oublions pas que ces gens ont perdu la notion du temps et celle d’espace… Notre travail, c’est d’aller à leur rencontre… ».
En 1994, il explique que l’urgence est davantage « sociale » que médicale. « Plus personne n’écoute leurs paroles, ni leurs plaintes ». Leur bouche « se tait », alors « leur peau parle ». Ils ont des eczémas, des psoriasis, des « lésions terribles », décrit le médecin.
Vivre sous le seuil de pauvreté, ne signifie pas seulement renoncer aux soins. « Quand vous n’êtes pas regardé, vous ne vous regardez pas. Et vous vous en foutez de votre statut et vous abandonnez même une image de la dignité du corps. Quand vous n’avez pas d’image corporelle, tout peut arriver ».
«L’exclusion commence quand on n’existe plus dans le regard de l’autre»
« On n’existe que par la stimulation du regard des autres. » Quand vous êtes une très vieille personne seule chez soi, ….. un exclu avec pour seul bien un carton sur le trottoir, comment éprouver la sensation d’exister? Quel rapport au temps quand vous n’avez plus de rendez-vous avec quiconque? Quel rapport au corps quand on ne vous regarde plus? »
Pour lui, il est nécessaire de « se mettre à la hauteur de la personne ».
« Accompagner son frère humain » c’est « un travail humain d’homme ».
« Quand les gens sont en danger, malades, fragiles, on essaye. On met une main sur leur épaule ».
Alors voilà c’est un peu l’ADN de notre asso : « Aller vers ». Regarder, écouter, accompagner et transmettre à tous ces valeurs.
Merci à tous les bénévoles qui étaient présents ce samedi : Tatie, Marc, Elise, Gema, Sophie, Khaled, Valérie, Marie et Carine.
Un grand merci à Sophie qui a préparé un goulash vraiment très apprécié des copains
Et grâce à la Boulangerie Aristide que nous remercions, ce bon plat a pu être accompagné d’un bon pain.
Merci Marc pour ton appel.
Je vous fais quand même un petit compte rendu de la maraude en chiffres :
Nombre de personnes rencontrées : une cinquantaine
Nombre de repas distribués : Entre 50 et 60
Nombre de disputes Poussin/poussine : 0 incroyable! L’indice de bonne humeur de la Tatie était au max d’après l’ami Marc
Nombre de charriots renversés : 0
Nombre de cris/larmes : 0
Nombre de remerciements, de sourires, de gestes affectifs : On ne les compte pas, on les savoure.
Bonne semaine les colibris.