Besoin de chaussures basket ou de marche
Je ne devais pas partir en maraude mais suite à deux annulations, je me suis faite embarquer par les bénévoles!
Et pour cause, nous avions beaucoup de commandes à honorer et donc besoin de bras pour les porter.
Alors me voilà partie à tirer un vieux sac à roulettes que Souraya avait préalablement bien rempli!
J’étais un peu sceptique à revenir sur la distribution de commandes de vêtements à « grande échelle ». Et puis le premier arrêt au cimetière de l’évêché et la rencontre avec nos premiers bénéficiaires m’ont vite fait changer d’avis!
Je vois M. avec des baskets trouées… B. qui me demande si on a bien un duvet pour lui car ça caillait cette semaine dans la voiture où lui et 3 autres de ses camarades dorment…
J. ouvre de grands yeux quand il voit le blouson que je lui tends « ah oui carrément! ».
L. nous a demandé un sac à dos car le sien arrivait en bout de vie, il me répète plusieurs fois « tu es sûre, il est vraiment pour moi ce sac? ». Comme le blouson, il est neuf. J’ai l’impression d’être le Père-Noël devant des yeux brillants de gosses.
– M. revient vers moi : « je crois que les baskets ne sont pas pour moi »
– Je ne comprends pas : « elles ne te vont pas? »
– « Si si mais ce n’est pas mon prénom qui est écrit sur l’étiquette et je ne voudrais pas les prendre à celui à qui elles sont destinées. »
Waouhhh le gars a les pieds à l’air mais il revient pour les rendre… Je le rassure en lui expliquant qu’elles sont bien pour lui.
Nous arrivons à la Croix Rouge. G. ma mamie préférée est déjà là. Elle me voit, me sourit « c’est bien votre fête aujourd’hui Aurélie? ». Rhoooo 
G. est en petite forme aujourd’hui, elle semble plus perdue qu’à l’habituée. Elle prend quelques provisions et je la vois repartir rapidement en boitillant. Problème de vue, d’ouïe et maintenant pour se déplacer, je me demande combien de temps nous la verrons encore.
S. s’approche de moi « tu aurais pas des chaussures pour moi en 43? ». Je lui dis que je vais le noter sur mon cahier mais lui explique que c’est la 6ème commande de chaussures qu’on me fait et lui demande « ça peut attendre encore un peu ou… », je ne finis pas ma phrase car mon regard s’est porté sur ses pieds et je vois qu’il est en chaussettes tongs… « Ok c’est une priorité! »
Je note cette septième commande de chaussures. Pourquoi toutes ces demandes ce samedi? Certainement parce que la semaine dernière a été bien humide et que les gars se sont tous retrouvés les pieds mouillés.
Je retrouve deux vieux copains S et B qui se parlent à nouveau… Marc ne manque pas de les charrier « alors c’est fini la dispute, vous êtes de nouveau maqués ensemble? ». Moi ça me fait rire, les gars un peu moins! On peut bien se moquer car je vous assure que les histoires dans la rue c’est parfois digne de Dallas! Marc en rajoute encore un peu et ils finissent par rire avec nous.
Petit arrêt chez Frantz. La bise, on échange 2/3 blagounettes puis je file regarder curieusement où en sont les cafés suspendus. Waouhhh ça fonctionne toujours aussi bien! « Frantz, ils assurent tes clients! ». Ils sont comme le patron!
Il y a du monde aujourd’hui, une bonne cinquantaine de personnes. Il y a aussi une certaine morosité. Certains sont malades, fatigués moralement. On prête une oreille attentive. C’est un peu lourd à porter mais on écoute. On est d’abord là pour ça.
N. s’approche de moi « tu aurais pas une paire de basket en 43? ».
A lui aussi je commence par essayer de voir si c’est une urgence ou pas. Il se met à me crier dessus et repart furieux. Amandine me regarde, je lui dis « il reviendra ». Ce n’est pas toujours facile à encaisser mais peut-être encore moins pour eux de demander.
Alors 10 mn plus tard, il revient « c’est Marc il m’a dit de voir avec toi pour les chaussures ».
Je fais mine de rien « ok je vais noter sur mon cahier que tu as besoin de chaussures mais je ne te promets rien».
Il repart et revient me voir plusieurs fois pour parler de tout et de rien. Peut-être une façon de s’excuser, peut-être pas. Peu importe. Je sais que c’est mieux pour lui comme pour moi qu’il ne soit plus fâché.
Je retrouve aussi N. que nous n’avions plus vu depuis 3 semaines suite à un malaise qu’elle avait fait dans la rue. Je prends de ses nouvelles, lui pose 3/4 questions mais je sais qu’avec elle, il ne faut pas insister. Elle peut passer du sourire à l’agacement quand on s’intéresse trop à elle.
J’ai appris à doser après qu’elle m’ait « sympathiquement » envoyée sur les roses le jour où je lui ai posé la question de trop!
Les maraudes c’est souvent joyeux et puis parfois beaucoup moins. Ce samedi c’était un jour sans. On revient un peu la boule au ventre, les épaules lourdes. Ce n’est pas grave, on était là et si on a pu prendre un peu de leur fardeau tant mieux! C’est là l’essentiel.
Chers colibris, vous aurez compris, à la lecture de mon compte rendu, que nous avons besoin de chaussures! Beaucoup de chaussures! Baskets ou chaussures de marche du 42 au 44.
Ce serait vraiment chouette de vérifier si vous n’auriez pas une paire que vous ne mettez plus vraiment!
Merci à « Aurélie pain » (clin d’oeil à Djibrill) qui est allée à la boulangerie Comme à la Maison et distribuer les sacs aux familles. Merci à Souraya qui a préparé les oeufs et nous a accompagné en maraude avec Marc, Sylvie et notre nouvelle bénévole Amandine qui a assuré pour sa première!